
Maria Isabelle Wieser
Ces cœurs qui battent pour Genève ! Le CDE présente une rencontre mensuelle, en principe chaque dernier lundi du mois, nous amenant à rencontrer "5 coeurs qui battent pour Genève". Au départ, cette initiative est née grâce à l’ouvrage "126 battements de cœurs pour Genève", écrit par Zahi Haddad et publié par les éditions Slatkine, présentant 126 personnalités proches de la Genève internationale, dont les parcours de vie sont inspirants. Voici le portrait Maria Isabelle Wieser que vous pourrez rencontrer lors du dîner-débat lundi 27 juin.
Maria Isabelle Wieser,
Postface
À travers son livre, Zahi Haddad nous a fait connaître les nombreux visages de Genève et, surtout, de celles et ceux qui contribuent à façonner la ville cosmopolite et bouillonnante que l’on connaît. La richesse d’idées et de parcours qui sont présentéa dans ces pages repose sans doute en partie sur la tradition d’accueil et d’ouverture de la ville qui, dès le Moyen Age, a rassemblé entre ses murs des femmes et des hommes de tous horizons.
Dès le XVIe siècle, la ville sert de refuge aux protestants européens. Parmi eux se trouve la célèbre Mère Royaume qui, selon la légende, aurait stoppé les Savoyards lors de leur tentative d’invasion de la république en leur lançant une marmite de soupe, la nuit de l’Escalade. Sur le plan économique, les foires de Genève reçoivent des marchands italiens, allemands et français qui font de la ville le principal lieu d’échange de marchandises européennes et le centre de négoce qu’elle est restée jusqu’à aujourd’hui. Les femmes y jouent déjà un rôle important : en 1680, la plus grande entreprise de Genève est une manufacture de fils d’or et d’argent dirigée par la réfugiée française Elisabeth Baulacre. Pendant la Réforme, la ville accueille des réformateurs et réformatrices réputé.e.s, dont la théologienne Marie Dentière, qui s’est battue tant contre les inégalités sociales que celles de genre et a défendu la prédication des femmes.
Si, avec la Réforme, le rayonnement de Genève reste plutôt européen, c’est avec la création de la Croix-Rouge au XIXe siècle par le genevois Henry Dunant que la ville s’ouvre sur le monde entier. Grâce à ses idées et son engagement humanitaire, Genève devient une ville d’importance mondiale sur le plan multilatéral. Des décideur.euse.s politiques de haut rang y sont reçu.e.s au courant du XXe siècle et négocient des traités de paix historiques. Genève a vu naître notamment la politique humanitaire, des initiatives qui ont contribué à la construction de l’Europe moderne, des œuvres littéraires, des théories sociologiques et sociétales, et le CERN, sans lequel Internet n’aurait jamais existé et ne pourrait pas diffuser les revendications d’égalité et de justice dans les domaines du genre, des cultures ou du climat de la nouvelle génération.
Maria Isabelle Wieser, directrice romande de foraus
Aujourd’hui encore, Genève regorge de jeunes talents qui disposent d’idées novatrices pour résoudre les grands défis contemporains tels que les changements climatiques et les injustices sociales. Cependant, les plateformes à disposition pour mettre leurs idées en pratique sont rares. Genève incarne le multilatéralisme et l’internationalisme par excellence – à quoi bon si cela est réservé aux diplomates et aux hauts fonctionnaires ?
Une des grandes particularités de Genève est l’énorme diversité présente sur un si petit territoire. Si je dis diversité, j’entends, bien sûr, les nombreuses nationalités représentées grâce aux organisations internationales. Mais je parle aussi de la cohabitation entre squats et hôtels de luxe, banques d’affaires et centres culturels alternatifs, organisations internationales et universités. Il nous faut tirer parti de cette diversité et créer des liens entre ces différents acteurs. Je souhaite qu’ils se mélangent, collaborent, interagissent davantage. Pour régler les problèmes auxquels font face les habitant.e.s du monde d’aujourd’hui, nous avons besoin de toutes les forces en présence, notamment du dynamisme des jeunes dont la voix peine souvent à être entendue par les décideur.euse.s politiques. Il nous faut songer à des formats nouveaux qui permettent de réunir à une même table jeunes et moins jeunes, banquiers et artistes, étudiants et diplomates, politiciens et chef.fe.s d’entreprise, afin de trouver ensemble des solutions. Je suis persuadée que Genève est la ville idéale pour y parvenir.
J’espère que le présent livre servira d’inspiration à des collaborations fructueuses à travers les générations, les disciplines et les nationalités, et permettra de donner des idées à celles et ceux qui veulent changer le monde. Comme le disait Henry Dunant, « seuls ceux qui sont assez fous pour penser qu’ils peuvent changer le monde y parviennent ».