
David Rimer, bousculer les acquis culturels pour rapprocher les êtres humains
Ces cœurs qui battent pour Genève ! Le CDE présente une rencontre mensuelle, en principe chaque dernier lundi du mois, nous amenant à rencontrer "5 coeurs qui battent pour Genève". Au départ, cette initiative est née grâce à l’ouvrage "126 battements de cœurs pour Genève", écrit par Zahi Haddad et publié par les éditions Slatkine, présentant 126 personnalités proches de la Genève internationale, dont les parcours de vie sont inspirants. Voici le portrait de David Rimer que vous pourrez rencontrer lors du dîner-débat lundi 29 Août.
David Rimer
- Montréal, 1968
- Promotion de la Paix – B8 of Hope
- « L’école internationale, où j’ai étudié et enseigné. »
Un jour de 1994, David Rimer vit « une épiphanie », alors qu’il est en train de conduire. Son puzzle personnel prend soudainement forme. À la radio, « un écrivain tchèque relate la compassion qu’il a ressentie pour un bourreau de la Seconde Guerre mondiale, un homme torturé par ce qu’il avait commis. » C’est le cinquantième anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz et David pleure sur le bord de la route. « C’est là que j’ai compris qu’il fallait combattre la barbarie plutôt que juste les tortionnaires et que je voulais marcher dans cette voie. » Jusqu’à B8 of Hope, qu’il cofondera en 2015.
Pour y arriver, David veut d’abord se donner des moyens financiers. Anthropologue, diplômé de Stanford University, il a travaillé jusque-là dans la création d’indices boursiers : « Il n’y avait pas de travail dans mon domaine, à l’époque, alors je suis arrivé dans cette carrière grâce à ma maîtrise de Lotus 1, 2, 3, l’ancêtre d’Excel, et à mon savoir-faire dans la gestion de sondages, comme ceux que je mettais en place pendant mes études. » De là, David crée en 1996, avec son père, l’un de ses frères et un ami, Index Ventures. Un géant du capital-risque qui lui vaudra une réussite et une reconnaissance internationales hors norme. Dix-sept ans de travail acharné plus tard, il plaque tout et se rapproche de sa vision. David décroche un poste de professeur d’histoire à l’école internationale de Genève où il déroule le fil de l’humanité, de la Renaissance à la Révolution industrielle. Avec une approche particulière : « Je voulais mettre en avant la transformation culturelle et humaine, indispensable si l’on entend comprendre l’interdépendance des cultures, leur beauté. J’avais envie d’ouvrir les esprits. Mais, un voyage en Israël-Palestine précipite les choses dès 2015. David rencontre deux hommes « engagés dans un dialogue réel, loin du silence embarrassé qui finit habituellement par s’installer lorsque la situation entre les deux peuples est évoquée ».
David Rimer, bousculer les acquis culturels pour rapprocher les êtres humains
Habités par cette logique, David et son épouse Mehra les amènent tous les deux à Genève pour une série de conférences qui attire plusieurs centaines de personnes. Malgré les différences qui les ont vu naître, toutes se parlent. Ouvertement. Dans l’écoute. B8 of Hope vient de naître. Grâce à huit co-fondateurs, issus d’horizons divers. Lu en anglais, B8 donne « Beit » en arabe et en hébreu, la « maison ». Celle de l’espoir. « Un nouvel espace qui s’appuie sur une idée forte, un objectif fondamental, la dignité commune grâce à l’humanisation de l’autre. Grâce au partage d’une émotion, d’une expérience similaires. Des ennemis ne pourront changer que s’ils sont bouleversés par une personne à laquelle ils s’opposent. Une transformation qu’ils devront au dialogue et à la non-violence. » Cette dernière « devenant même une identité. »
Dès lors, notamment grâce à l’engagement et au travail acharné de Mehra, B8 multiplie les levées de fonds et soutient toutes les initiatives qui invitent à s’asseoir à la même table. Toutes les associations palestiniennes et israéliennes qui sont actives sur le chemin de la paix et incarnent cette détermination, devenue incontournable. Depuis la base, le socle que représente la société civile. « Il s’agit de faire évoluer le système, à partir d’un consensus voulu et vécu par la majorité – et non seulement d’une décision prise par des gouvernements. »
En bonne association helvétique, B8 of Hope se place ainsi comme l’intermédiaire neutre délivrant ses bons offices. D’ailleurs, le Département fédéral des affaires étrangères s’investit à ses côtés en facilitant des rendez-vous ou la délivrance de visas pour que des activistes – femmes, hommes, enfants, religieux, laïcs, médecins, avocats – puissent transmettre le message. Le partager. Universellement. À commencer par Genève… au plus près de l’épiphanie de David.