
Audrey Selian, chantre de la liberté durable
Ces cœurs qui battent pour Genève ! Le CDE présente une rencontre mensuelle, en principe chaque dernier lundi du mois, nous amenant à rencontrer "5 coeurs qui battent pour Genève". Au départ, cette initiative est née grâce à l’ouvrage "126 battements de cœurs pour Genève", écrit par Zahi Haddad et publié par les éditions Slatkine, présentant 126 personnalités proches de la Genève internationale, dont les parcours de vie sont inspirants. Voici le portrait d'Audrey Selian, que vous pourrez rencontrer lors du dîner-débat lundi 29 Août.
Audrey Selian
- Genève – Suisse, 1974
- Investissement social – Réseaux Artha
- « Le Palais des Nations, à côté duquel j’ai grandi et que je voyais tous les jours. »
« Nous allons changer le système ! » Parfois considéré comme une rêveuse, Audrey Selian y croit dur comme fer : « Genève peut être le centre de la transition vers un capitalisme conscient, grâce à l’investissement social ! » Fournir une aide qui arrive à ses destinataires et qui transforme leur vie concrètement est une approche qui séduit de plus en plus. Audrey en est convaincue, le regard habité d’une confiance et d’une détermination sans faille. « Nous ne créons pas de dépendance à un soutien financier, mais développons, sur le terrain, les outils nécessaires à ce que chacun tienne son avenir dans ses mains. De façon durable. C’est cela, la liberté ! »
Depuis sa création en 2006, l’initiative Artha a ainsi touché quelque trois millions de personnes en Inde via le mandat d’investissement géré par le Family Office Rianta Capital. « Nous avons investi près de dix millions de dollars pour cela et nous savons que les bénéficiaires ont maintenant accès à de l’eau potable, à l’éducation ou à de l’électricité ; que des fermiers ont pu placer leurs produits sur le marché, alors qu’ils se trouvent dans des régions isolées. Lorsque nous avons débuté notre travail en Inde, nous étions une dizaine d’acteurs à avoir adopté cette démarche ; aujourd’hui, nous sommes plus de cent cinquante fonds, fondations, donateurs. »
Sa vision un brin joyeuse, Audrey la tire de son éducation et de son parcours personnel. Homme d’affaires, son père emmène sa famille à New York à la fin des années 1970. Loin des rives du Léman. Audrey a cinq ans et découvre une nouvelle mentalité, avant de revenir en Suisse, dix ans plus tard. Direction : Collège du Léman. « Sur quatre-vingts élèves, nous comptions cinquante à soixante nationalités. Un vrai melting pot ! Cela m’a donné le goût du monde. » Elle recevra d’ailleurs un prix récompensant les étudiants qui savent rassembler, jongler avec les cultures et faire fi des différences. Ses études supérieures l’emmènent ensuite à Boston. À la vénérable Fletcher School, un « programme très international qui me rappelait Genève ».
Audrey Selian, chantre de la liberté durable
Sa thèse de doctorat sur l’influence des technologies sur les politiques des pays en transition lui permet de renouer les liens avec l’Arménie où elle termine ses recherches mais ne trouve pas son compte. Après un crochet à l’Union internationale des télécommunications, le hasard la propulse donc chez Rianta Capital Zurich. Audrey travaille d’arrache-pied, voyage beaucoup, développe des partenariats et des relais sur place. Jusqu’à la création d’Artha, une « plateforme de savoir-faire, dont nous vendons également le modèle à d’autres investisseurs ». Avec, néanmoins, un maître-mot : la confiance. « Il ne s’agit pas d’engager une compétition mais bien de travailler ensemble. C’est cela, l’investissement social, créer le bien pour un maximum de personnes. »
Du côté de Genève, le mouvement trouve ses adeptes : « Nous avons la chance d’avoir le système onusien et une place financière particulièrement vigoureuse, des acteurs incontournables qui se rencontrent et comprennent que l’on peut avoir un impact dans le long terme… tout en assurant un retour financier. » D’ailleurs, une fois par mois, Audrey organise à Genève une réunion informelle avec plus de trois cents investisseurs, pour discuter ou partager des expériences. Le temps aussi de « travailler sur la notion de communauté unie et tournée vers un même objectif ».
Forte de ses expériences et avec quatre amis, Audrey en a profité pour créer en 2017 à Erevan un Impact Hub, qui est lié à celui de Genève et réunit différents acteurs sociaux, afin de donner une cohérence aux investissements. De changer les mentalités. Avec, toujours en point de mire, un monde rassemblé. Solidaire. Réellement.