
Arturo Corrales, explorateur de sons, tout en lumière
Ces cœurs qui battent pour Genève ! Le CDE présente une rencontre mensuelle, en principe chaque dernier lundi du mois, nous amenant à rencontrer "5 coeurs qui battent pour Genève". Au départ, cette initiative est née grâce à l’ouvrage "126 battements de cœurs pour Genève", écrit par Zahi Haddad. et publié par les éditions Slatkine, présentant 126 personnalités proches de la Genève internationale, dont les parcours de vie sont inspirants. Voici le portrait de Atalanti Hadjipateras Moquette que vous pourrez rencontrer lorsdu dîner-débat du lundi 27 juin.
Arturo Corrales
- San Salvador, 1973
- Musique expérimentale
- « La population genevoise dans sa diversité. L’expérience sociale proposée par une petite ville si composite et variée. »
Pressé, passionné, Arturo Corrales vit dans l’urgence. De la musique. De ces notes qui lui emplissent le cœur dès le plus jeune âge. Avec son père, il joue ses premiers accords sur une guitare. À l’école, dans ses moments libres, Arturo découvre le piano, l’orgue, le chant. Il expérimente. Déjà. « J’y mettais toute mon âme. Mais, il n’y avait pas de conservatoire au Salvador. Alors, Arturo se lance en ingénierie. Six mois plus tard, il vire vers l’architecture, séduit par la dimension artistique des étudiants qui déambulent dans les couloirs de l’université avec des plans roulés sous leurs bras. « J’ai tout de suite adoré la possibilité d’imaginer mon environnement de façon différente, de m’en amuser, de répondre à une problématique spécifique. Après tout, la créativité est la fille du besoin ! »
En parallèle à ses études, Arturo travaille et finit même par créer son propre bureau, spécialisé dans la réalisation de perspectives et de maquettes. Mais, la machine s’enraye lors d’une soirée de Nouvel An. Au moment d’énoncer ses résolutions, Arturo explique à sa famille qu’il veut « faire bien ce que j’aime faire ». Un message sibyllin qui fait rejaillir l’essentiel. La musique : « Et je ne voulais pas juste perfectionner mon jeu à la guitare ; j’avais besoin de comprendre la musique, dans son essence même. » Alors Arturo rejoint une petite école, qui vient juste d’ouvrir et qu’il découvre par hasard, et se jette éperdument dans son apprentissage.
« J’avais tellement faim de connaissances que je me suis mis à tout apprendre, l’histoire, l’harmonie, le contrepoint, la théorie de la musique, l’écriture. » Absolument tout. Et Arturo progresse très vite. En redemande. À tel point qu’il décide de quitter l’océan Pacifique. Radicalement. Loin. Et c’est en France qu’il écrit les partitions de sa nouvelle vie. À Nantes, d’abord. Puis à Ferney-Voltaire. Comme garçon au pair. Un travail qui lui apporte du plaisir. « Je me suis souvent occupé de mes six sœurs, alors le soir je jouais de la guitare pour endormir les enfants dont je m’occupais. »
Arturo Corrales, explorateur de sons, tout en lumière
À quelques kilomètres de là, le conservatoire de Genève et sa réputation internationale. De quoi enthousiasmer Arturo, lui dont l’inextinguible appétit le pousse toujours aussi fort. « Je devais combler le décalage avec ce que j’avais appris jusque-là et je voulais tout savoir. » Tout décortiquer. Alors, l’espace d’une décennie, Arturo écoute et se forme. Apprend et cultive son indépendance d’esprit, notamment avec le compositeur veveysan Eric Gaudibert. Enchaîne les diplômes comme les notes se bousculent au-dessus d’une fosse d’orchestre. Composition puis enseignement de la théorie, à Genève, direction d’orchestre au Tessin, musicologie à Paris. Pour terminer par une thèse intitulée « Figures musicales ». Une course effrénée en compagnie de son épouse et de ses deux enfants. Un rythme olympique qui lui ouvre les portes de la carrière qu’il se souhaitait. Expérimentale.
Dès lors, Arturo compose, enseigne, dirige des orchestres et collabore avec de prestigieux ensembles et festivals, en Suisse et partout dans le monde. Il crée également l’ensemble Vortex et dirige l’Orchestre des Trois-Chêne. Enthousiaste, possédé par le quatrième art, Arturo aime donc surtout explorer de nouvelles pistes, loin de formules musicales trop strictes pour son imagination. S’amuser. Jouer avec les notes, les croches, les hampes. Les sons et les silences. Cet espace de liberté, c’est sa « chambre secrète », là où Arturo se nourrit de tout ce qui l’entoure, réinvente les folklores et les traditions. Les marie. Comme ceux du Salvador, dont il garde les pratiques indigènes, « tellement en communion avec les airs qu’ils produisent ». Toujours dans une quête ultime d’absolu. « D’une parfaite beauté ; de Dieu. »