
Amjad Al Qadi, la parole de l’ancien
Ces cœurs qui battent pour Genève ! Le CDE présente une rencontre mensuelle, en principe chaque dernier lundi du mois, nous amenant à rencontrer "7coeurs qui battent pour Genève". Au départ, cette initiative est née grâce à l’ouvrage "126 battements de cœurs pour Genève", écrit par Zahi Haddad et publié par les éditions Slatkine, présentant 126 personnalités proches de la Genève internationale, dont les parcours de vie sont inspirants. Voici le portrait de Amjad al Kadi que vous pourrez rencontrer lors du dîner-débat du lundi 25 avril.
Amjad Al Qadi
- Damas, 1979
- Archéologie – Chercheur à l’université de Genève
- « La mise en avant de l’apport des populations étrangères que j’expérimente régulièrement. »
Damas, la ville du jasmin. À la croisée des civilisations qui l’ont occupée et façonnée. « Dimachq », la cité d’Amjad Al Qadi, qu’il observe dès son plus jeune âge, avant de déménager à Deir ez-Zor, le berceau de sa famille, tout à l’est de la Syrie, sur les rives de l’Euphrate. « Dans ces deux villes, il y a des sites archéologiques partout. » Des marques millénaires, comme autant de jalons dans la vie d’Amjad.
Comme ceux qu’il découvre à vélo, lui le cycliste averti, qui sillonne la vallée du grand fleuve oriental et les sites mésopotamiens proches de la frontière irakienne. Comme les pans d’histoire qu’il dévoile lorsqu’il passe à Palmyre, la légendaire, installée dans le désert de Syrie à équidistance entre Damas et Deir ez-Zor. « Le bus qui nous transportait d’un point à l’autre s’y arrêtait immanquablement pour une pause, le temps de se rafraîchir, de visiter les lieux et d’en visualiser l’ouverture au monde. » De contempler l’histoire.
De quoi allumer la flamme archéologique dans les yeux d’Amjad, qui choisit sa voie académique et rejoint l’université de Damas en 1997. Un cursus qu’il passe, pour l’essentiel, dans les fouilles menées par des missions étrangères, souvent françaises. Notamment dans le cœur de la citadelle de la capitale syrienne née à l’époque de la dynastie ayyoubide. Amjad apprend le métier, affûte son français et découvre l’organisation urbanistique et sociale de ses ancêtres. La logique de leur architecture, de leur système d’évacuation, de leurs fortifications. Le fonctionnement d’un monde ancien, presque indicible. Pourtant, son cœur navigue plus loin. Contemple la préhistoire. Le paléolithique. Les outils de pierre taillée, qui deviendront sa spécialité.
LA PAROLE DE L'ANCIEN
Une niche étonnante qu’il découvre après sa licence, entre 2001 et 2007. Grâce à une mission venue de Bâle, installée en Syrie centrale, à nonante kilomètres de Palmyre. Ensuite, presque logiquement, Amjad reçoit une bourse d’études et s’installe dans la cité rhénane, en avril 2006. Sous la pluie, à son arrivée, dans une ville bruissant le suisse-allemand et habitée par d’autres codes sociaux, Amjad est à peine déstabilisé. Il s’accroche et décroche son master deux ans plus tard. Puis, alors qu’il souhaite renouer avec le français et travailler dans l’Hexagone, Amjad rencontre un éminent assyriologue genevois qui, lors d’un passage à la bibliothèque de l’institut français de Damas, en 2009, l’aiguille vers les rives du Léman et le laboratoire d’archéologie préhistorique et anthropologie de l’université de Genève.
L’entente est au rendez-vous. Très actif, Amjad réalise une thèse de doctorat sur son sujet fétiche, les « techno-complexes lithiques », soit les outils en pierre, de la région du Levant. Ce qui l’emmène en Jordanie, au Liban, en Syrie et le fait travailler sur la Palestine. Avec l’université de Genève, qu’il représente, et l’idée de comprendre l’évolution de l’humanité. Les instruments qu’elle a produits et adaptés pour s’implanter dans des environnements variés, désertiques, montagneux ou maritimes. Des missions d’études l’envoient également en Allemagne, aux Eats-Unis, en France, au Royaume-Uni. Et, lorsqu’il est à Genève, Amjad enseigne et introduit progressivement le Proche-Orient dans le cursus académique et dans les centres d’intérêt de ses confrères.
Autant d’activités qui monopolisent le scientifique, même lorsqu’il devient collaborateur externe de l’alma mater genevoise en 2018. Il continue sa quête sur différents points du globe, toujours pour cerner l’évolution humaine, son adaptabilité aux habitats qu’elle a rencontrés, les stratégies qu’elle a imaginées pour évoluer et survivre. Un travail de fourmi qui « révèle toujours des nouveautés, de nouvelles théories et me donne envie d’en savoir plus, d’aller plus loin. ». De lever de nouveaux voiles sur notre humanité.
Zahi Haddad
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