Alix Muanza Miguel, un champion d’Europe, qui rêve sa vie en la krumpant
Ces cœurs qui battent pour Genève ! Le CDE présente une rencontre mensuelle, en principe chaque dernier lundi du mois, nous amenant à rencontrer "7coeurs qui battent pour Genève". Au départ, cette initiative est née grâce à l’ouvrage "126 battements de cœurs pour Genève", écrit par Zahi Haddad et publié par les éditions Slatkine, présentant 126 personnalités proches de la Genève internationale, dont les parcours de vie sont inspirants. Voici le portrait de Alix Muanza Miguel que vous pourrez rencontrer lors du dîner-débat du lundi 25 avril.
Alix Muanza Miguel
- Luanda, 1985
- Danse – Les Warriorz, La compagnie Caractère
- « Le quartier de la Jonction, très bariolé, où toutes les nationalités se côtoient. »
Des visages tendus, colériques, des corps désarticulés fouettant l’air rageusement, des attitudes agressives, bestiales, le Krump est un combat pour la vie, pour la survie, le dernier rempart à la violence des rues, de la société. Née au tout début des années 2000 à Los Angeles, cette danse urbaine, inspirée des traditions tribales africaines, réunit ceux qui résistent à l’isolement. À certaines peurs. Celles d’Alix Muanza Miguel parlent d’intégration, d’échec scolaire, de chômage. D’exclusion.
Réfugié politique, Alix arrive en Suisse, via l’Allemagne, en 1993. Il a sept ans et découvre, effrayé, la neige, qui le fait pleurer. De Luanda et de l’Afrique australe, il n’a plus que de rares sensations. Alors il suit sa scolarité à Neuchâtel, connaît l’échec, double sa classe, emmènage à Gen.ve, où il se sent « sans but, perdu, en galère ». Pour se retrouver, Alix danse, s’immerge dans le hip hop, le popping, la house. Dès qu’il a du temps. Matin, midi et soir. Entre deux cours, entre deux jobs. Jusqu’à la cérémonie 2003 des Grammy Awards qu’il admire à la télévision, avec son ami Chris. Alix se voit projeté dans le Krump. Instantanément. « Pendant une minute trente. » Et c’est le coup de foudre. « J’ai su, à ce moment, que c’était ce que je voulais faire. » Entrer dans le « Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise », autrement dit dans l’Elévation du royaume par un éloge puissant ».
Alors, le duo repasse en boucle ces quelques secondes de bonheur tonitruant, religieusement sauvegardées sur VHS. Des heures durant, il observe, apprend et reproduit la gestuelle du Krump. Jusqu’à la sortie, en 2005, du documentaire Rize réalisé par David Lachapelle. « Nous avons tout compris à ce moment-là, la genèse du Krump, ses sources d’inspiration, le besoin de libération et de positivité, c’était magique ! « Mieux, Alix et Chris voient qu’ils sont dans le vrai. Que leur bande magnétique contenait les bonnes pistes. Encouragés, ils décident de se présenter au Public : « Beaucoup d’amateurs nous rejoignaient spontanément pour apprendre le Krump lors de sessions de rue ! »
UN CHAMPION D'EUROPE, QUI REVE SA VIE EN LA KRUMPANT
La rencontre avec deux krumpeurs biennois mène à la création des « Warriorz ». Fondateur du mouvement suisse, le groupe participe à différents festivals de danse urbaine, à la Fête de la musique. S’envole pour l’Allemagne, la France, les Pays-Bas et échange des expériences avec les krumpeurs qui y éclosent. Aux premiers championnats d’Europe, Alix arrive en demi-finale, puis remporte le titre l’année suivante, devant les fondateurs du Krump venus officier en tant que jurés. C’est la reconnaissance internationale. Celui qui se fait appeler « Bad Liks » et qui fait coup double en 2009 entre dans une autre dimension. Celle des pères du Krump, habituellement sollicités pour juger les mondiaux ou des concours, aux quatre coins de la planète, ou encore pour encadrer les jeunes, dont certains Helvètes issus de « la Fam’ » d’Alix deviendront champions du monde.
À la même époque, Bad Liks lance les championnats de Suisse, des « Warriorz Krump Games » qui prennent leurs quartiers à Genève et accueillent également des krumpeurs internationaux. Américains, Japonais, Russes déboulent ainsi au bord du Léman et dansent avec les Suisses. En quête de nouveauté, Alix enchaîne avec la création de la compagnie Caractère pour présenter sa danse sur scène, dans des théâtres, de façon plus codée. Sous les yeux surpris de sa mère, il concrétise tous ses rêves. Avec une énergie intacte, il danse sa vie. Entre « en transe ». S’évade auprès de son père, qui l’a quitté. En Afrique aussi et en Angola où « les personnes que je rencontre me disent retrouver, dans le Krump, leur danse et leur tradition ».
Zahi Haddad
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