
Ajla Kuduzovic, la magie des relations humaines
Ces cœurs qui battent pour Genève ! Le CDE présente une rencontre mensuelle, en principe chaque dernier lundi du mois, nous amenant à rencontrer "7coeurs qui battent pour Genève". Au départ, cette initiative est née grâce à l’ouvrage "126 battements de cœurs pour Genève", écrit par Zahi Haddad. Voici le portrait de Ajla Kuduzovic que vous pourrez rencontrer lors du dîner-débat du lundi 25 avril.
Ajla Kuduzovic
- Prijedor, 1992
- Humanitaire – Essaim d’accueil
- « Le quartier des Pâquis et son multiculturalisme. »
L’Esprit de Genève habite Ajla Kuduzovic, anime sa rélexion depuis l’enfance. Marque son parcours qui commence tout au nord de la Bosnie-Herzégovine. En pleine guerre des Balkans, qui déconstruit la Yougoslavie dès 1990. Oppose des communautés qui avaient trouvé le chemin du vivre ensemble et du partage. Deux mois avant la naissance d’Ajla, sa petite ville de Prijedor tombe et voit son destin scellé. Poussée par les combats, la famille d’Ajla trouve refuge à Zagreb grâce au CICR. Avant d’arriver dans un centre d’hébergement de la Châtelaine. À Genève. Ajla grandit avec « l’idée de repartir un jour en Bosnie », nourrie par son père qui achète une vieille camionnette blanche pour faire le trajet. « Enfant, je prenais place à l’intérieur et m’imaginais la route du retour. » L’esprit d’Ajla se forge aussi avec les histoires guerrières qu’elle entend autour d’elle, qui la mettent automatiquement en opposition aux autres, qui exacerbent d’invisibles différences. Qui font de l’autre son ennemi.
Pourtant, avec les années, Ajla cherche à comprendre les origines du conflit qui l’a amenée à l’exil. À réfléchir et construire l’après-guerre aussi. « Loin des discours haineux. » Ses études en relations internationales puis en sciences politiques lui apportent des éléments de réponse. Sur les accords de Dayton et sur leurs effets qu’elle étudie dans son mémoire de master. « Pour moi, il s’agit plus d’un cessez-le-feu que d’une paix réfléchie et assumée. » Puis, arrivée à un stade de saturation par rapport à toutes ces questions, Ajla entre dans la vie active auprès de l’Hospice général. Un stage qui la place sur le terrain de l’immigration et l’amène à imaginer des séances d’information destinées aux migrants qui arrivent à Genève. Une sorte d’observatoire privilégié sur sa propre histoire : Etre témoin de situations humaines souvent difficiles m’a apporté un autre regard sur mon propre chemin. »
À la même époque, Ajla rencontre Latcheen Maslamani, réfugiée syrienne. Ensemble, les deux femmes jettent les fondements d’Essaim d’accueil avec des étudiants de la « Migration Initiative » pensée à l’Institut de hautes études internationales et du développement. À l’heure des flux massifs de 2017 et de la réticence d’une frange de la population. Totalement investies dans la tâche qu’elles se sont donnée, elles mettent en place un réseau d’accueil citoyen des requérants d’asile autour des lieux d’hébergement du canton de Genève. En collaboration avec les assistants sociaux, Essaim d’accueil insuffle ainsi la vie sociale, tisse des relations personnelles, crée de l’alchimie et surtout des moments d’échange pour offrir à chacun les outils pour comprendre l’autre. « Faire la cuisine ensemble puis partager un repas est, en ce sens, particulièrement magique. »
LA MAGIE DES RELATIONS HUMAINES
Un financement de la Ville de Genève permet d’aller encore plus loin, d’organiser des sorties culturelles ou des événements sportifs, « de sortir les gens des abris PC et aussi de faire participer la population genevoise à nos rencontres ». La détermination et la conviction d’Ajla se lisent dans ses yeux bleus, plongés dans leur propre histoire. Dans une indispensable introspection. « Il faut accepter la différence de celui qui essaie de s’intégrer, accueillir le changement et en faire quelque chose de positif. »
D’ailleurs, sur le modèle de ce qu’elle a accompli, Ajla envisage la création d’une Maison des associations en Bosnie, « pour rassembler et œuvrer à la pacification des relations humaines. Il existe, en effet, une société civile qui essaie de faire changer les choses malgré les discours qui divisent. Et j’entends bien apporter mon aide, dans un contexte qui ne jouit pas d’un tissu social capable de soutenir de telles synergies, comme c’est le cas à Genève. » Car chaque cause humaine est primordiale. Comme le commande l’Esprit de Genève.
Zahi Haddad
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